Arrivée tant désirée...

Elle se tourna vers lui interloquée, et se mit à rire.
« -Non je n’ai pas fait exprès… Je ne pensais pas que le fait de te dire ça te donnerait envie de m’embrasser… Ca m’a surprise… la prochaine fois je te le dirai quand tu pourras me bloquer si tu veux !... Je ne prends pas de plaisir à voire que je suis ton point faible au contraire… Ce n’est pas vraiment… Plaisant… De savoir que tu as un point faible… Moi je te vois plus fort que tout je ne sais pas pourquoi… Quand je prononce ton nom je vois une personne que rien ne briserait, je vois ton visage ton sourire… »
Elle ferma les yeux, comme pour montrer qu’elle aimait penser à lui. Elle sourit et serra les pans de sa cape entre ses doigts.
« -En fait c’est juste que je n’aime pas le fait que quelqu'un puisse offenser mon corps… Quand on porte un regard juste intéressé cela m’exaspère… Je n’aime pas non plus que l’on me touche de façon trop ouverte… Et j’aime encore moins qu’on me griffe ou qu’on laisse une cicatrice sur mon corps, comme celle-là… »
Elle posa un doigt sur l’étoile qu’elle avait dans le cou. Elle traça les contours de la marque l’air absent.
« -Je me souviens… Encore de lorsqu’il me l’a faite… Je venais juste de naitre… Il s’est approché de moi, et a posé son sceau en fer chauffé à blanc. Mon sang à bouilli dans mes veines, et j’ai… »
Sa voix se cassa brutalement. Elle venait de se rendre compte de l’horreur du geste qu’elle avait eu. Elle ferma les yeux et soupira. Dans son esprit se forma une excuse, mais elle la chassa. Elle n’avait pas d’excuse pour avoir tué sa mère…
« -Enfin… J’ai fait quelque chose de regrettable… Mais ne t’inquiète pour ce que j’ai dit : tu peux me toucher… Toi tu ne me gênes pas, loin de là… j’aime bien quand tu effleures ma peau… »
Elle leva les yeux vers le ciel qui se couvrait. C’est dommage que le bleu ne soit pas resté. Au loin la pluie commençait à tomber créant un manteau gris qui bouchait l’horizon. Elle le regarda du coin de l’œil, observant ses gestes. Elle avait vu son sourire. C’est comme si ce qu’elle avait dit avait littéralement illuminé son visage l’espace d’un instant. C’était un joli sourire qui lui avait réchauffé le cœur. Elle était amusée d’avoir trouvé un moyen de se faire embrasser facilement. Guilaad avait trouvé le meilleur moyen de faire sourire Kemelvor. Elle ne savait pas trop comment ni pourquoi mais elle était presque sûre que c’était infaillible, qu’à chaque fois il aurait le même sourire. Elle se réjouissait de cette nouvelle.
"-Il suffit que je te dise que je t’aime pour que tu ai envie de m’embrasser ? Mhh ? Et si jamais j’ai envie de tes lèvres, je te dis ça et tu m’embrasses ? C’est bien ça ? Je prends en note… je n’oublierais pas… »
Elle se mit à rire de nouveau. Elle secoua la tête. Ce n’était pas vraiment bien : c’était comme si elle l’utilisait ou le manipulait. Elle sourit, et resserra sa cape autour de son corps pour garder son peu de chaleur, et protéger sa peau de la pluie qui n’allait pas tarder à leur tomber dessus. Elle regarda en arrière les deux animaux qui jouaient ensemble. Clendal n’était plus comme avant. Il ne l’avait pas vraiment salué ce matin quand elle l’avait revu. Elle s’en voulu un instant de l’avoir laissé enfermé dans les écuries, puis se dit que si elle ne l’avait pas fait Kemelvor ne l’aurait jamais retrouvée, et qu’il aurait enduré la douleur dont il lui avait parlé pendant de longs jours. Elle baissa les yeux et soupira. Elle espérait tout de même que Clendal ne lui en voulait pas trop : c’était à ses yeux un fidèle compagnon, très gentil et attentionné avec elle. Une tension persistait entre Kemelvor et l’animal. Elle sentait que le loup n’aimait pas leur nouvelle façon de se côtoyer. C’était comme si il était jaloux. Comme si il voulait être le seul à être proche de Guilaad, qu’il ne voulait pas que Kemelvor prenne sa place. Elle porta son regard vers le rideau de pluie qui avançait de plus en plus vite vers eux. Dans 5 minutes tout au plus ils subiraient l’averse torrentielle. Derrière l’averse on pouvait voire la montagne sculptée. Cette montagne intriguait Guilaad plus que tout. Le fait qu’elle ait été creusée selon les désirs humain la perturbait. Elle croyait les mortels plus respectueux que ça de la nature. Quand elle voyait cette forme au loin elle avait l’impression qu’on l’avait scarifiée cette montagne : qu’on l’avait entamée à coup de hache, de pelle. Elle avait presque mal pour cette terre arrachée brutalement. Elle baissa les yeux sur ses mains, et se blottit dans sa cape. La pluie commençait à tomber sur ses épaules. Un brouillard se leva les entourant. Guilaad rapprocha son cheval de la petite jument de Kemelvor. Elle attrapa son poignée et le serra doucement entre ses doigts comme pour se donner du courage pour le reste de la journée. Elle sourit.

Kemelvor rit et secoua doucement la tête en souriant. Elle lui avait fait réalisé que c’était vrai, il suffisait qu’elle dise ça pour qu’il vienne l’embrasser quelque soit la situation. A cheval cela lui était moins aisé surtout avec la petite jument qui n’était pas encore habitué à ses acrobaties et qui lui faisait comprendre avec des écarts brusques. Il sourit de nouveau à Guilaad, ne montrant aucune gêne particulière à ce sujet, si elle voulait l’utiliser, qu’elle le fasse, il en subirait les conséquences sans se plaindre. Il regarda la pluie qui venait vers eux sans broncher, le froid commençait à ne plus lui faire autant d’effet qu’avant, sa peau s’habituait mais ne l’acceptait pas pour autant. Il tourna la tête vers Guilaad quand elle lui prit son poignet et rit en plongeant son regard dans le sien.
« - Allez viens ce n’est que de la pluie… Tu verras on est habitué après tout non ? »
Il lui rendit un sourire chaleureux puis frissonna doucement, au bout de quelques minutes il fut trempé mais ne s’en émouvait pas plus qu’autre chose. De l’eau restait de l’eau, qu’elle vienne du ciel ou non. A bout de plusieurs heures ils traversèrent entièrement le rideau de pluie, étant de nouveaux en terres sèches. Kemelvor défia Guilaad en riant, lançant les chevaux au galop, profitant de vent qui fouettait leur visage. Il ferma les yeux en laissant libre rêne à la jument. Ils finirent par calmer les chevaux en riant puis il porta son regard au loin.
« - Tu sais où on est ou pas du tout ? »

Elle l'avait regardé partir au galop silencieuse, puis l'avait suivi à distance. Quand il s'était arrêté elle l'avait rejoint au pas. Elle le regarda dans les yeux en silence et réfléchis un moment, se représentant la carte d'earthnowais dans la tête. Comme ils étaient partit tôt le matin et qu'il était passé à gauche de la montagne il devait être à encore environ une dizaine de killomètres de Dalaign. Elle réfléchis encore un peu plus pour essayer de savoir dans quel sens ils devaient aller pour rejoindre la capital. Elle leva les yeux vers le ciel regardant l'orientation du soleil. Elle ferma les yeux, et indiqua vaguement une direction d'un geste de la main.
"-Par là... On va passer quelques temps dans la capital de Castellon... On pourrait y rester une petite semaine... Peut être qu'avec chance il y aura un peu d'animation et on pourra faire des choses, aller combattre quelques ennemis, ou tout simplement passer notre vie dans une auberge un peu mieux que celle de Blackcastle qui était vraiment minable..."
Elle se mit à rire, et fit avancer son cheval dans un pas un peu plus rapide pressée d'arriver pour pouvoir enlever ses vêtements mouillés, pour pouvoir se blottir contre le corps tiède de Kemelvor. Elle frissona et ferma les yeux en pensant à lui. Un léger sourire se forma sur ses lèvres comme par réflexe... Comme à chaque fois qu'elle pensait à lui.

Kemelvor sourit à Guilaad chaleureux et content d’être avec elle. Le voyage lui paraissait moins lui, plus distrayant puis il se laissa porté par l’espérance de voir les choses bouger. Il s’était écoulé trop de temps depuis la dernière fois qu’il avait donné un coup de lame. l secoua doucement la tête, dissipant son air rêveur. Toutes ses idées lui donnaient envie…Entre Guilaad qui était là mais inaccessible à la fois, cette perspective de nouveau, d’aventure, de découverte et puis bien sûr de nouveaux horizons….tout ce mélange le rendait nerveux et lui était douloureux à la fois car ce n’était pas à sa portée et il s’en agaçait .Il jeta un regard doux en se demandant si elle n’était pas désespérée d’être en compagnie d’un être si instable et gamin dans un sens .Trop de questions se bousculaient dans son esprit à tel point qu’il finit par tout mélanger et confondre pour ne faire plus qu’un flot d’envie, de désir et de souffrance…
Il souffla doucement et regarda le ciel, pensif. Le temps se radoucissait ce qui lui plaisait grandement, ne frissonnant presque plus. Il ferma les yeux en soupirant, un léger sourire sur les lèvres.
"- Je t'ai dit que je te faisais confiance depuis la première seconde ? Si non, c'est le cas..."

Elle rouvrit les yeux intriguée et le regarda l'air surprise par sa réflexion soudaine. Elle esquissa un sourire, et referma les yeux en réfléchissant. Elle se demandait si elle n'allait pas avoir trop de problèmes. Avoir tué l'un des siens alors qu'il était juste rentré dans l'esprit d'un mortel. Cela pouvait être une faute grave, dans son pays natal. Elle frissona. Elle se demandait si bientôt ils allaient la contacter. Elle passa une main sur son visage et inspira une bouffée d'air avant de l'expulser tranquillement.
*Tant pis... je sais me défendre... mais si jamais ils envoient beaucoup de monde je peux dire que j'aurais pas mal de problème... Entre autre un point faible... Il faudra que j'envoie Kemelvor loin de moi... parce que je ne pense pas que je puisse leur échapper longtemps... Ils finiront bien par arriver à me trainer là-bas...*
Elle regarda droit devant elle. Elle sentait Kemelvor en proie à une tension étrange : il subissait plusieurs émotions qu'elle n'arrivait pas à cerner, mais il était légèrement dérangé, elle en était sûre. Elle descendit de cheval, tenant les rênes, et marcha juste à côté de lui. Elle posa une main sur sa cuisse...

Kemelvor sursauta puis rit, tiré de ses pensées par la mains de Guilaad. il baissa la tête vers elle et frissonna. Et voilà que maintenant elle marchait à côté de lui mais qu'il ne pouvait toujours pas l'avoir tranquillement contre lui. Il soupira doucement puis se coucha sur l'encolure de la jument, regardant calmement la démone. Il ferma les yeux en pensant à elle, lui faisant entiérement confiance, n'étant plus gêné par sa main ni surpris. Il se demanda comment il pourrait tenir des journées entièrement sans supplier Guilaad de faire des haltes pour qu'il ait le plaisir de sentir le goût de ses lèvres qu'il désirait tant. Ses pensées se perdaient de nouveaux dans l'immensité noyé des esprits sans limite puis il souffla tout doucement, gardant se leger sourire avant de rouvrir les yeux, observant calmement Guilaad.
"-Ca me fait bizarre de repenser au tout début...Tu me prenais de hauts mais je disais rien. Tu repoussais a chaque fois mes propositions d'aide jusqu'a ce qu'on se chahute et que tu me menace de me tirer les cheveux....A partir de la on arrêté de se vouvoyer et on était nettement plus proche, enfin c'est mon avis...Corrige moi si je me trompe car j'ai pas toujours bonne mémoire..."

Elle leva les yeux vers lui et sourit. Elle réflechit un instant, puis se dit qu'il avait raison.
"-Non, c'est bien ça tu as bonne mémoire... Et puis, on s'en fiche de ce qui s'est passé avant... tant que tu n'as pas été blessé par ce que j'ai pu dire, ou pu faire..."
*Bien sûr que j'étais hautaine... je me sens toujours supérieur à n'importe quel mortel... Rien que parce que mon espérance de vie est beaucoup plus longue que la votre.. Aussi peut être parce que je me sens plus puissante, et je m'assois confortablement sur le pouvoir que j'en tire ? Enfin pour toi c'est différent maintenant, je le sens.. Tu es sur un pied d'égalité... Parce que je suis allée dans ton esprit, parce qu'on est uni par quelque chose qui me dépasse de loin... Parce que j'aime plus que tout ton sourire....*
Elle caressa sa joue du bout des doigts, puis remonta sur son cheval.
"-Si tu t'endors essaye de ne pas tomber... Ca serait dommage que tu te casses un bras ou une jambe..."

Quelques heures plus tard ils atteignirent Dalaign...